Empêcheuse de chantonner en rond, trop follement éprise de la musique pour la ranger dans des boîtes étanches, Marion Rampal n’en fait qu’à sa tête, qu’elle garde aussi près des étoiles que du cœur…
– Richard Robert
#### *Chanteuse, songwriter, Marion Rampal tisse un lien entre mémoire et invention, mot et mélodie, musiques populaires afro-américaines et racines classiques occidentales.*
#### BIOGRAPHIE
_« A demi mot tu l’avais dit qu’il était beau le tour de mon pays…_ » Il ne faut guère attendre pour réaliser que le pays où nous emmène Marion Rampal dans _A Volé_ est une contrée introuvable sinon dans sa géographie poétique personnelle. De même son _Ile aux Chants Mêlés,_ autre moment choisi de l’album _Tissé_ (et titre d’un spectacle pour enfants conçu par elle) où sirène elle attire moins les bateaux que les beautés immatérielles, surgit elle d’une imagination décidément fertile. S’inventer des lieux d’élection, jardin d’Eden, pays de Cocagne, Youkali, Pepperland, est monnaie courante dans la chanson dite populaire. Avec souvent, comme ici, l’idée d’y instaurer une utopie de concorde, un refuge de bien être, histoire d’oublier un court instant la cacophonie et le bordel ambiant. Marion Rampal, entre autres choses, sait faire cela : nous prendre par la main, nous attirer dans sa zone de rêverie.
Ce qui n’interdit en rien d’interroger le passé de cette musicienne aux boucles brunes, à la voix de claire fontaine ou, selon, de source rebelle, née et mûrie dans une ville elle aussi fantasmée à bien des égards: Marseille. C’est que dans la cité phocéenne le rapport entre le chant et le territoire devient vite fertile. Avoir vu le jour entre Château d’If et maquis provençal est il à l‘origine de son attrait pour l’évasion et la résistance ? Doit on reconnaître dans nombre de ses chansons l’écho du _Banjo_ de Claude MacKay, ce roman « nègre » dont l’action se déroule à la fin des années 1920 entre Joliette et Vieux Port, quartier dit « réservé » sillonné de rues mal famées, planté de ruches à sexe, fumeries et boites de jazz où se mélangent les corps, les races, les musiques, exactement comme à La Nouvelle Orléans, autre ville qui compte beaucoup pour elle ? Du coup, souvent travaillée par cette double pulsion, s’évader, s’encanailler, on ne s’étonne guère de la trouver à son aise dans des registres aussi divers et éloignés que le blues ancien, le lied classique, la berceuse, la chanson rive gauche, la pastourelle de troubadour, la goualante de cabaret. Non, tout le monde n’est pas capable de chanter Kurt Weil, Brigitte Fontaine, Henri Purcell ou Blind Lemon Jefferson. Moins encore d’incarner tout ça, de se hisser à hauteur de ce que cela implique, de l’appropriation à la réinvention, pour en tirer un langage personnel. Marion si.
Chez elle l’hérédité parle mais jamais au point d’en devenir écrasante : famille mélomane avec en amont de vrais musiciens, professeur de piano, compositeur, chanteuse lyrique… Après, il y a l’amour inné du chant, le passage par la chorale suivi d’un itinéraire qui lui ressemble entre école buissonnière et institut, en l’occurrence du Jazz à Salon de Provence où outre la théorie elle découvre l’improvisation. « _J’aimais la liberté que le jazz procure et le rapport aux sons qu’il implique. Pendant longtemps, j’ai tenté de créer un lien entre cet idiome et le format chanson. Autrement dit j’avais envie de jouer mes compositions avec des musiciens qui sachent improviser. »_ Dans cette phase de construction, on trouve aussi Wesh Wesh, groupe où elle assure voix et guitare influencée par ses écoutes d’alors, Fiona Apple, Patti Smith, Jeff Buckley surtout, un mec capable de rassembler dans un même répertoire Léonard Cohen, Edith Piaf et Benjamin Britten. Du rock qui enfreint les lois du genre, musarde hors les sentiers battus, s’émancipe de la fatalité du binaire comme du riff qui tue. Ce crédo, elle l’applique dès 2009 sur un premier envoi solo intitulé _Own Virago_ où s’illustre une reprise du lamento de _Didon et Enée_ de Purcell au milieu d’une pelote d’épingles de sa confection. Suivra We Used To Have A Band, résurgence folk de Wesh Wesh où s’annonce le virage _Main Blue_, album sous l’emprise des musiques du sud des Etats Unis fécondé en trio avec Anne Paceo et Pierre François Blanchard dans le sillage d’un trip entre Géorgie et Louisiane. « _J’étais alors dans le questionnement sur ce qu’est le blues, comment puis je trouver et chanter « mon » blues »._ Pour éclairer ce cheminement intérieur certains apportent leur flambeau, le chef d’orchestre et compositeur Raphaël Imbert, le saxophoniste et dramaturge américain Archie Shepp, l’un des pères du Free Jazz avec qui Marion collabore régulièrement depuis le projet _I Hear The Sound_ avec l’Attica Blues Orchestra en 2014. « _Comme Raphaël, Archie a joué un rôle de mentor, mais autrement. En pratiquant la musique avec lui, la question de ma légitimité à chanter ces musiques noires américaines s’est peu à peu estompée. »_
Peut être ne se sent on jamais aussi libre qu’en fréquentant ceux dont la vie fut intégralement dédiée à la conquête de la liberté. Libre d’enregistrer, en allemand, des airs du cabaret berlinois avec le Quatuor Manfred pour l’album _Bye Bye Berlin_, de prendre ses quartiers dans le Paris d’Yvette Guilbert et de Joséphine Baker pour _Le Secret_ en 2019. Libre enfin de vagabonder entre tous ces mondes pour accoster ce pays mis en scène dans _Tissé,_ cette Acadie rêvée, cette île aux voix mêlées, aux musiques non assignées où elle semble réinventer la chanson comme d’autre l’art de faire du pain, avec amour, de bons nutriments, mais surtout avec une manière de mission intime : dénicher au plus profond, dans l’entrelacs des influences et de la mémoire, dans la bousculade permanente des émotions, une expression qui lui appartiennent totalement. Assistée du réalisateur Mathis Pascaud, elle y chante l’anglais mais aussi sa propre langue, un français auto créolisé, comme un écho d’outre mer réveillant avec ces musiques sans âges mais jamais apatrides, le mythe d’Arachné, non pour défier les Dieux mais plus modestement pour créer la plus chatoyante des tapisseries sonores.
#### DISCOGRAPHIE
LEADER:
"Tissé" Marion Rampal (2022 Les Rivières Souterraines / l'Autre Distribution)
"Le Secret" Marion Rampal&Pierre-François Blanchard (2019 MusicOvations/ l'Autre Distribution)
"Bye Bye Berlin" Marion Rampal & Quatuor Manfred feat Raphaël Imbert (2018 Harmonia Mundi)
"Main Blue" Marion Rampal (2016 E-motive records/l'Autre Distribution)
"Own Virago" Marion Rampal*emphasized text*(Compagnie Nine Spirit, 2009)
COLLABORATIONS:
"S.H.A.M.A.N.E.S" , Anne Paceo (Jusqu'à la Nuit/ l'Autre Distribution 2022)
"Tribe From The Ashes" avec Sandra N'Kake & Ji Drû (Label Bleu/ l'Autre Distribution 2021)
"Music is my Hope" Raphaël Imbert (Jazz Village/ Pias) Victoires du Jazz
”Vertigo Songs” Perrine Mansuy (Laborie/Abeille 2011)
“Heavens” Raphael Imbert, musique de D.Ellington&W.A.Mozart (Jazz Village/HM 2013)
"I Hear the Sound" Archie Shepp Attica Blues Orchestra (Archieball /HM2013) Nomination aux Grammy Awards
"The Alpalachians" (2014, Label Durance/Orkestra)
"Pieces for Christmas Peace " Raphael Imbert et Sixtine Group (ZigZag Territoires/HM2006)
#### LA PRESSE EN PARLE
##### *Marion Rampal, à la forte présence en scène, offre la preuve d’un vrai style poétique*
**Francis Marmande - Le Monde**
##### *Marion Rampal conquiert par son interprétation inouïe*
**Libération**
##### *Elle a une espèce de retenue, d’élégance, de justesse dans les sentiments qui arrive à toucher directement dans le cœur les mélomanes qui l’écoutent*
**France Info TV**
##### *Aucune école, aucun professeur n’apprendra jamais à chanter comme le fait Marion Rampal. Son blues est extra-terrestre, son africanité blanche, sa féminité mâle, sa manière à elle seule.*
**Louis-Julien Nicolaou - Les Inrocks**
##### *Une artiste vibratoire et surtout l’une des voix les plus captivantes de la scène hexagonale. Marion Rampal est une grande, qu’on se le dise et le redise.*
**Denis Desassis - Disque Elu Citizen Jazz**
##### *Archie Shepp’s performance at the Kennedy Center was absolutely beautiful...Shepp also brought out the vocalist Marion Rampal for “My One and Only Love,” a standard that Coltrane recorded with singer Johnny Hartman in 1963. This performance was a marvel, with Darryl Hall playing gorgeous countermelodies behind Rampal’s robust, throaty vocal.*
**The Washington Post**
##### *Une vraie voix, et un vrai feeling, au service d'un répertoire d'une folle diversité, et d'une originalité certaine Marion Rampal est le creuset de cette fusion culturelle où l'or fondu restitue une pépite, singulière et d'une valeur indiscutable. Comme un chemin à rebours que seule l'authenticité musicale rend possible.*
**Xavier Prévost - les DNJ**
##### *« Les premières places ne sont pas intéressantes, celles qui m’intéressent ce sont les places à part. » Le Cocteau des enfants terribles aurait aimé cette personnalité difficile à inscrire dans les canons du déjà entendu. Indéniablement à part, l’art de Marion flotte au dessus des catégorisations avec un naturel désarmant .*
**ABSMag**
##### *Rampal’s voice, it’s a strange and often bewitching creature. Vivaldi would floor her, but she’s attractively multicoloured and beguilingly direct in Weill’s Youkali.*
**The Times**